Le syndrome de privation sensorielle

Qu'est-ce que c'est?

Le syndrome de privation sensorielle (SPS) est un trouble du développement caractérisé par une incapacité du chien à s'adapter à son environnement. Cela se traduit par des peurs voire des phobies en réaction à des stimuli usuels (personnes, bruits, objets...) ; le chien présente alors des réactions de fuite, d'inhibition ou d'agressivité. On observe en parallèle des réactions neurovégétatives : accélération du rythme cardiaque et respiratoire, hypersalivation, tremblements, miction et/ou défécations, mydriase (dilatation des pupilles), etc.

Parfois, ces signes apparaissent même en l'absence d'élément déclencheur identifié, le chien est alors en état d'anxiété généralisée.

Ces chiens anormalement craintifs peuvent manifester de nombreux comportements inadaptés : malpropreté, aboiements intempestifs, destructions, automutilation, prostration...

Tout stimulus sortant légèrement de l'ordinaire pour ce chien peut provoquer des réactions d'une intensité anormalement forte : la présence d'un inconnu, un bruit inhabituel ou même le changement de place d'un meuble dans la maison. Pour les chiens atteints, chaque nouveauté est synonyme de danger.

Quelles sont les causes de ce syndrome ?

Le SPS résulte d'une hypostimulation des sens pendant la phase de socialisation du chiot, entre 3 semaines et 3 mois ; il est principalement observé chez des chiots élevés en box à l'écart de toute stimulation, d'où l'appellation commune de « syndrome du chenil ». Il peut également apparaître lorsqu'il y a un écart important entre les conditions de vie à l'élevage et dans le nouvel environnement du chiot (par exemple un chiot qui aurait grandi dans une ferme à la campagne avant de rejoindre une maison en centre-ville), particulièrement si le chiot quitte tard l'élevage.

Lors de la maturation du cerveau, un filtre sensoriel se met en place, et va déterminer le seuil d'émotivité du chiot. Si la socialisation est pauvre, le filtre est trop restrictif, le chiot aura un seuil d'émotivité très bas et chaque stimulus inhabituel entraînera des réactions de peur apparaissant disproportionnées.

Il existe une composante génétique dans ce syndrome ; tous les chiens n'ont pas la même résilience, certains auront connus une socialisation très pauvre et s'en sortiront sans séquelle, alors que d'autres chiens élevés dans le même environnement développeront un SPS.

Comment prévenir ce syndrome ?

Ce syndrome étant lié au développement du chiot, le travail de l'éleveur est très important pour en prévenir l'apparition. En tant que futur propriétaire, vous aurez à continuer le travail de socialisation amorcé, mais il faudra s'assurer que ce travail a déjà été engagé par l'éleveur.

Ne pas mettre à la reproduction des chiens anxieux ou émotifs ; si l'un des parents présente ce trait de caractère dans une moindre mesure, il faudra alors sélectionner pour le mariage un second chien particulièrement stable.Proposer aux chiots une socialisation riche sans tomber dans l'excès de la surstimulation, grâce à un programme de socialisation adapté (certains éleveurs établissent leur programme de socialisation avec un comportementaliste pour respecter les étapes du développement cérébral du chiot).Préparer le chiot à ses futures conditions de vie dès qu'elles sont connues ; un chiot amené à vivre en ville doit avoir déjà vécu des expériences positives en ville avant son adoption.Poursuivre le travail de socialisation engagé à l'élevage après l'arrivée du chiot dans sa nouvelle famille ; ne pas hésiter à se faire accompagner, surtout si le chiot se montre particulièrement craintif (plus vous agirez tôt, plus la rééducation sera efficace).

L'éleveur doit être en mesure de vous décrire le caractère des parents, de vous expliquer son choix de reproducteurs, de vous présenter son programme de socialisation dans les grandes lignes, de vous recommander un chiot en fonction de vos attentes et des conditions de vie que vous pouvez lui offrir, et de vous donner des conseils pour la poursuite du travail de socialisation (ou de vous orienter vers un professionnel compétent).

Comment aider le chien atteint d'un SPS ?

Dans un premier temps, il faut faire établir le diagnostic par un vétérinaire comportementaliste. Tous les chiens craintifs ne souffrent pas de ce syndrome, et le vétérinaire, en observant le comportement de votre chien et en vous interrogeant sur ses premiers mois de vie, pourra établir un diagnostic.

La prise en charge d'un syndrome de privation sensorielle passe en priorité par une thérapie comportementale, consistant principalement à désensibiliser le chien face aux éléments déclencheurs et à adapter le quotidien du chien pour limiter l'anxiété.

Il arrive parfois que l'état d'anxiété du chien soit tel qu'il ne peut être réceptif à de nouveaux apprentissages ; le vétérinaire pourra alors décider de mettre en place un traitement médicamenteux en complément de la thérapie comportementale pour diminuer l'anxiété du chien.

Un traitement médicamenteux donné en l'absence rééducation ne peut apporter de résultats durables, on observe une réapparition des troubles après l'arrêt du traitement.

La rééducation d'un chien atteint d'un syndrome de privation sensorielle est longue, mais avec de la constance et de la cohérence, il peut retrouver une vie très proche de la normale.

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