Ceux qui me connaissent ont déjà forcément entendu cette phrase : « commencez toujours facile, et ne mettez en place que la réussite ». Mais pourquoi je vous bassine avec ça ?
Dans l'éducation de nos chiens, on recherche à ce qu'ils prennent du plaisir avec nous, qu'ils soient motivés à répondre à nos demandes, qu'ils nous offrent leur pleine coopération. Et plusieurs éléments rentrent en ligne de compte pour obtenir cela : la relation que vous entretenez avec votre chien, la récompense utilisée, la technique d'apprentissage, mais aussi le degré de difficulté de l'exercice.
Bien souvent, on a tendance à considérer qu'un comportement est acquis beaucoup plus tôt qu'il ne l'est réellement.
Un exemple : vous avez appris à votre chien à s'asseoir avec un morceau de saucisse. Au milieu de votre salon, vous l'avez d'abord guidé avec la saucisse, puis vous avez mis en place le mot-clé, et maintenant vous obtenez facilement le « assis » sur demande chez vous, même lorsque vous n'avez plus de saucisse à la main. Super ! C'est un bon début ! Le comportement est-il acquis pour autant ? Certainement pas !
A ce stade, si vous demandez à votre chien un « assis » au milieu du parc à chiens, avec des copains qui courent partout autour de lui, des odeurs alléchantes au sol et des humains inconnus, il y a fort à parier que votre chien ne s’assiéra pas à votre demande. Pourquoi ? Parce que c'est trop difficile !
Un comportement peut être considéré comme acquis lorsque l'on a travaillé sur 3 composantes majeures de celui-ci, les 3D : distance, distraction et durée.
La distance, c'est la distance entre vous et votre chien au moment où vous lui demandez l'action.
La distraction, c'est tous les stimuli qui vont entourer votre chien à l'instant de votre demande.
La durée, c'est la durée de maintien de la demande.
Lorsque l'on apprend un nouveau comportement, on place le curseur au plus bas pour toutes ces composantes : on travaille proche du chien, dans un milieu pauvre en stimuli, et on récompense le chien immédiatement dès qu'il produit le comportement.
Une fois que votre chien réussi parfaitement l'exercice dans ces conditions, vous pouvez alors augmenter un des paramètres, et un seul !
Pour revenir à notre exemple du « assis », vous pouvez soit lui demander en étant à 50cm au lieu de juste devant lui, soit lui demander de rester assis quelques secondes en récompensant fréquemment durant l'intervalle, soit lui demander dans le jardin au lieu du salon.
Quand vous aurez bien progressé sur l'un des paramètres, vous allez pouvoir travailler sur le second, en réduisant à nouveau la difficulté pour le premier.
Votre chien parvient désormais à s'asseoir lorsque vous lui demandez à 5m, super ! Revenez maintenant tout proche de lui pour lui demander la même chose dans le jardin, puis dans la rue, puis au parc...
Quand votre chien maîtrisera le comportement avec les 3 paramètres indépendamment, vous pourrez commencer à les combiner en augmentant le curseur pour l'un sans oublier de diminuer le curseur pour les autres. Et avec un travail régulier, dans quelques temps pour pourrez demander à votre chien, 10m devant vous, de s'asseoir 30 secondes pour laisser passer des promeneurs.
En procédant ainsi, vous vous assurez de bien ancrer le comportement en ne mettant pas votre chien en échec. On en arrive à la seconde partie de ma phrase, « ne mettez en place que la réussite ». Si votre chien a déjà du mal à s'asseoir à côté de vous, il est inutile de lui demander de le faire quand il est à l'autre bout de la pièce. Il ne réussira pas, et votre mot-clé perdra peu à peu sa signification à ses yeux. Si vous êtes allé un peu trop vite et que votre chien ne comprend pas, revenez en arrière ! Insister à un niveau de difficulté trop élevé générera de l'incompréhension, de la frustration, et finalement votre chien aura de moins en moins envie de travailler avec vous.
Je pense que nous avons tous eu à un moment de notre scolarité ce prof qui, quand vous ne compreniez pas quelque chose, vous répétait sans cesse la même explication, s'énervant peu à peu de votre incapacité à réaliser l'exercice ; et j'espère que vous avez également eu comme moi un autre prof, celui qui reformule, qui décompose, qui propose des étapes intermédiaires sans vous mettre dans une situation d'échec, vous permettant ainsi de comprendre comment procéder (M. Braconnier, si un jour vous passez par là par hasard, merci !).
Alors, soyez un bon prof pour votre chien, travaillez en mettant en place des étapes faciles à atteindre pour lui, et il progressera d'autant plus rapidement.